Friday, May 16, 2014

Conference: L’Empire du crime ? Vers une analyse critique des processus internationaux de criminalisation

On June 5-6, 2014, the Centre d'études sur le droit international et la mondialisation at the Université du Québec à Montréal will hold a conference on "L’Empire du crime ? Vers une analyse critique des processus internationaux de criminalisation." The program is here. Here's the idea:

'L'idée de crime est un concept universel' pouvait-on lire dans un rapport publié en 1999 par les Nations Unies sur la criminalité dans le monde. Cette prémisse soulève la problématique générique au cœur de ce colloque : d'une part, une partie du discours scientifique sur l'international a contribué à déconstruire la notion d'universel en montrant que son usage occulte souvent des relations de domination ; d'autre part, plusieurs discours scientifiques sur le crime révèlent que le concept de crime n'a rien d'évident en soi, que le crime peut être vu comme le produit renégocié de luttes visant à le définir autant qu'à fixer la réponse institutionnelle que l'on entend lui apporter. C'est la rencontre et la discussion de ces deux perspectives critiques qui animeront ce colloque ; l'intuition sur lequel il repose est que les processus internationaux de criminalisation constituent un matériau privilégié pour saisir tant les pratiques impérialistes, passées et contemporaines, que les termes, consensuels ou dissensuels, de leurs analyses.

Depuis une vingtaine d'années, nous assistons, dans le paysage des sciences sociales, au retour du concept d'impérialisme. Dans la littérature, la notion d'Empire est convoquée en vue de rendre visible, par son usage, ce qu'une architecture internationale - des États Nations formellement égaux et tendanciellement coopérants - occulte puissamment - un monde composé d'un centre s'accaparant des satellites. Le concept d'impérialisme vise, ainsi et en général, à signifier le maintien d'un schème invariant de domination saisi au-delà des variations constatées dans les pratiques concrètes d'exploitation. Ce colloque visera à tester ce type de perspectives en s'attardant spécifiquement aux dimensions pénales de l'ordre juridique international afin d'identifier dans quelles mesures celles-ci contribuent à l'émergence, au maintien ou à la transformation d'une structuration inégalitaire de cet ordre. Car, sur l'arène internationale, l'un des éléments clefs observables à la charnière opérée entre le XXe et le XXIe siècle est la vigueur du recours à la notion de crime et ce à deux points de vue. D'une part, la plupart des interventions militaires ont été justifiées par la dénonciation d'un "crime international", qu'il soit de guerre, contre l'humanité ou encore constitutif de génocide. D'autre part, ont été mises en place des institutions largement internationales ou internationalisées chargées d'identifier et/ou de poursuivre ces criminels.

Ainsi, ce colloque entend croiser plusieurs disciplines et paradigmes en vue d'envisager à l'aide d'une grille de lecture critique comment se déploient aujourd'hui les processus internationaux de criminalisation. À cette fin, son programme s’articule autour de quatre panels. Le premier visera à situer historiquement, géographiquement et socialement la notion même de crime international en revenant notamment aux racines du droit pénal international. Le deuxième panel analysera le rôle et la place des élites politiques ou académiques dans l'analyse théorique et le déploiement pratique de ce droit. Un troisième panel rendra compte des manifestations inédites ou à construire de la justice pénale internationale notamment en matière environnementale ou dans les camps de personnes déplacées. Enfin, un dernier panel réunira les chercheurs et chercheuses interrogeant les prémisses et les produits paradoxaux de la justice dite transitionnelle dont les objectifs sont aussi divers que les modalités. Ce colloque se terminera par la présentation inédite d'un cas illustrant l'hypothèse de ce colloque, soit l'instrumentalisation géopolitique de ce double mouvement de criminalisation des relations internationales et d'internationalisation des criminalités . . .